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j’avais du sommeil, mon ame était trop agitée pour s’y livrer. Ma mère fit un cri, lorsqu’elle s’approcha de mon lit. Mes yeux étaient abattus, mon teint flétri, et les traces de mes larmes n’étaient pas encore effacées. Elle me fit mille questions sur le sujet qui les avait fait couler, et ne put tirer autre chose de moi, sinon que j’étais malade, et que j’avais besoin de repos ; effectivement, je m’endormis, et ne m’éveillai que fort tard.

Ma mère qui tremblait pour la diminution de mes charmes, m’accabla de caresses et de dons. Elle avait des boucles d’oreille qui contrefaisaient le diamant ; elle me les donna ; mais toutes ces bagatelles qui m’avaient été si chères, me paraissaient des pièges, et me faisaient horreur. La nuit suivante, je fus plus tranquille ; et ma mère me trouvant en état d’être vue, m’annonça la visite d’un homme de considération qui me voulait du bien, et qui était dans la résolution de me servir de père. Je n’en veux point,