Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(175)

si injurieuse pour ma mère ; j’y trouvai même la cause du peu d’égard des hommes pour nous, dont j’avais été si choquée ; je rougissais en pensant que c’était une honte de paraître nous connaître en public : en un mot, les réflexions que je fis débrouillèrent ma raison, dont jusqu’alors j’avais fait très-peu d’usage.

Effrayée de mes nouvelles connaissances, je me précipitai hors de mon lit : prosternée contre terre, baignée de mes larmes, je demandai des secours à Dieu. Il exauça ma prière ; mes lumières s’étendirent de plus en plus, et ce mot de vertu que je comprenais à peine, se colla, si je, puis ainsi parler, à mon ame, pour ne s’en séparer jamais. Après avoir employé plus d’une heure à cette espèce de méditation, je me remis au lit, pénétrée d’un froid que l’ardeur, de ma prière m’avait empêché de sentir, car nous étions en automne où les nuits commencent à être fraîches. Cela ne m’empêcha pas de continuer ma lecture. Je fus sur-