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rire, et j’en étais quelquefois piquée jusqu’aux larmes. Le quatrième jour, ma mère m’annonça qu’elle me mènerait à la promenade et à l’Opéra, dont elle m’avait fait une peinture propre à exciter ma curiosité. La matinée fut employée à faire des emplètes, et, pour la première fois, elle me mena chez une marchande de modes pour essayer mon goût naissant. Elle me mit ensuite à la toilette ; mais, quelque goût que je sentisse pour la parure, j’avais des distractions causées par une chose qui m’était arrivée dans la route, comme si j’eusse pu prévoir l’étrange et heureuse révolution que cela allait opérer chez moi.

Lorsque nous rentrions le matin, un embarras de carrosses nous força d’entrer dans une allée, à vingt pas de chez nous : il en sortait un cavalier qui marchait assez vite, et qui laissa tomber un livre qu’il portait sous le bras : ma mère le ramassa, et, ayant lu le titre, elle le rejeta avec dédain en disant : Pur fatras, rapsodies,