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des suites dangereuses, ou du moins prolonger mon séjour ici. Mais, comment as-tu pu voir cette enfant ? Elle est quelquefois à sa fenêtre, répondit la première qui avait parlé ; je la salue toutes les fois que je passe, et elle me rend mon salut de la manière la plus gracieuse. Sa beauté a fait naître en moi le désir de la connaître, et, pour cela, j’ai fait connaissance avec Marie, sa cuisinière. C’est une fille qui n’est pas scrupuleuse, et pourtant elle gémit du sort qu’on destine à cette pauvre enfant.

Ces paroles me firent comprendre qu’il était question de moi ; je redoublai mon attention ; et, quoique je perdisse beaucoup du discours de ces femmes, j’en entendis assez pour connaître que ma mère était accusée d’avoir forgé un complot pour me ruiner. Ce discours me révolta ; ces femmes, me disais-je, ne connaissent pas les bontés de ma mère à mon égard ; elle m’aime avec trop de tendresse pour chercher à me faire du mal. Je ne sais