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talens frivoles ; et, lorsqu’une année d’application m’eût rendue telle qu’elle me souhaitait, elle commença à me tenir des discours qui tendaient à me faire comprendre que tout mon bonheur dépendait de ma docilité à son égard.

Je ne vous rappellerai point les paroles empoisonnées de cette malheureuse. Hélas ! elles n’étaient que trop capables de séduire une enfant qui ignorait jusqu’au nom de la religion et de la vertu. Il fallait des miracles pour m’arracher au danger ; Dieu daigna les opérer en ma faveur, en réunissant des circonstances communes à la vérité, mais dont l’heureux assemblage m’autorise à les regarder comme miraculeuses.

Je n’étais point encore sortie de la retraite absolue à laquelle ma mère m’avait assujettie, et je n’avais vu que mes maîtres. Une chambre sur le derrière de la maison était ma demeure perpétuelle, et toute ma récréation était de regarder quelquefois par une fenêtre qui donnait sur la