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nue était parfaitement remise ; qu’elle était encore plus belle que lorsqu’il l’avait vue pour la première fois ; qu’elle avait pris sans répugnance et sans admiration les habits qui lui avaient été offerts ; mais qu’elle était extrêmement triste, et paraissait inquiète de ne le pas voir. Le marquis regarda cette dernière circonstance comme, une suite de la plaisanterie que le chirurgien avait faite sur ce sujet. Sûr de son cœur, il se hâta de se rendre auprès de la belle inconnue, pour tâcher de lui rendre tous les services qui dépendraient de lui, s’il pouvait exciter en elle assez de confiance pour l’engager à lui faire connaître ses malheurs.

L’inconnue reçut le marquis avec un air modeste, noble et reconnaissant.

Après les premières civilités, elle garda quelques momens de silence. Peu à peu sa respiration devint plus vive, son visage se peignit du rouge de la pudeur, ses beaux yeux, qui étaient baissés, se remplirent de larmes qui s’échappaient de sa