Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(158)

ché au trépas le plus horrible ; faut-il que je sois si misérable que d’être forcée à regarder ce bienfait comme une infortune ?


Être belle, et se croire sans ressources, c’est annoncer qu’on est bien éloigné d’en vouloir de suspectes. Cette réflexion n’échappa point au marquis, et redoubla sa pitié. Mademoiselle, lui dit-il, la prudence vous défend sans doute de vous fier à un inconnu. J’ose pourtant vous assurer que vous n’avez rien à craindre. Je m’offre à vous faire transporter dans une maison d’honneur ; et j’attendrai qu’une plus longue connaissance vous ait donné assez d’estime pour moi, pour vous engager à me déclarer en quoi je puis vous être utile.

Le chirurgien, qui était présent, avait épousé depuis deux mois une veuve d’un certain âge, il offrit sa maison à la malade, qui ne l’était plus ; et, dans la nécessité où elle était d’accepter un asyle, elle fut charmée d’apprendre qu’elle serait