Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(157)

l’éprouva, et, si la religion et l’humanité ne l’eussent pas intéressé au sort de cette personne, peut-être sa beauté eût suppléé à ces deux sentimens.

Cette fille voyant approcher le marquis, le regarda fixement, et lui dit, après quelques momens de silence : Ah ! monsieur, où suis-je ? daignez me débrouiller un chaos dans lequel je me perds. J’ai une idée confuse de vos traits ; de grâce, dites-moi si je ne vous ai point vu quelque part avant ce moment ?

Oui, mademoiselle, lui dit le marquis, j’ai eu le bonheur de vous sauver la vie ; que faut-il faire pour vous la rendre heureuse ? J’ai compris par vos discours, que vous aviez sujet de craindre madame votre mère : n’avez-vous pas quelques parentes ou quelques amies que nous puissions avertir de votre situation ? Hélas ! reprit cette belle fille, mon malheur est tel que je n’ai aucune ressource sur la terre. Ciel ! que vais-je devenir. Si j’en crois les apparences, vous m’avez arra-