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amis prêts à tout faire pour vous sauver. Hélas ! reprit cette fille, le juste juge a eu pitié de moi, il ne m’a pas condamnée, je n’étais point coupable, il le sait… Mais, monsieur, empêchez ma mère de s’approcher, dérobez-moi à sa fureur, cachez-moi à toute la terre. Que dis-je ? J’ai cru que j’étais encore au nombre des vivans ; j’ai oublié que le poison m’a ôté la vie. Ah ! sans doute, vous êtes un ange. Esprit bienheureux, protégez-moi. Oui, mademoiselle, lui dit le marquis, qui voulait la rassurer en se prêtant à sa manie ; je suis un ange qui vous ordonne de la part de Dieu de vous tranquilliser, car il vous a mis sous ma protection, et veut que vous m’obéissiez. De tout mon cœur, répondit-elle, vous n’avez qu’à me dire ce que je dois faire… Souffrir que l’on vous couche dans ce lit, et prendre tout ce que l’on vous donnera. Mais ne sentez-vous aucun mal ? vous dites qu’on vous a empoisonnée. On m’a donné une drogue bien mauvaise, reprit-elle, et on