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maison du fossoyeur. Il fit ouvrir graduellement ce coffre, pendant que la femme allumait du feu ; on étendit un matelas à une distance convenable, après quoi il acheva d’ouvrir la bière, d’où ils tirèrent une jeune fille qui n’avait point de connaissance, quoiqu’elle eût recouvré le sentiment. On l’étendit sur le matelas, et les deux hommes se retirèrent à l’écart, pendant que la femme, par ordre du marquis, frottait cette infortunée avec des linges chauds qu’on avait imbibés d’une liqueur spiritueuse. Au bout d’un quart-d’heure, cette fille ouvrit les yeux, se leva sur son séant, et, regardant cette femme avec un air effrayé, en joignant les mains, lui dit : ah ! ma mère ! pourquoi me persécutez-vous ? N’êtes-vous pas contente de m’avoir ôté la vie, faut-il encore que vous me poursuiviez jusques dans le tombeau ? À ces mots, le marquis s’approcha, et lui dit : Cessez de craindre, mademoiselle ; vous n’êtes point avec une mère dénaturée ; mais avec des