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cendue le soir. Le marquis, passant tout proche de cette fosse, crut entendre des gémissemens à demi-étouffés ; malgré son intrépidité naturelle, il ne put se défendre d’un mouvement de frayeur. La réflexion l’ayant dissipée, il se baissa sur la fosse, et entendit plus distinctement les plaintes qui sortaient du cercueil. Ne doutant plus alors qu’on n’eût enterré comme morte une personne qui était vivante, il se hâta de courir chez le fossoyeur, qui n’était qu’à vingt pas, et lui commanda de le suivre. À mesure que cet homme eut dégagé la bière de la terre dont elle était chargée, les plaintes devinrent plus sensibles, et il voulait se hâter de l’ouvrir. Le marquis l’en empêcha : il était assez physicien pour savoir qu’on ne pouvait, sans risquer la vie de cette personne, l’exposer à être saisie par le grand air. Il commanda à cet homme de prévenir sa femme, afin qu’elle ne fût point effrayée, et ces trois personnes transportèrent la bière dans la