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vu toute sa félicité à se faire un nom. Les grands biens dont il jouissait, étaient, pendant la campagne, un fonds assuré pour les officiers de son régiment, et pour les soldats ; et il s’efforçait, dans les garnisons où il passait l’hiver, de faire disparaître l’indigence, sur-tout chez ceux que la honte forçait à souffrir en silence les horreurs de la pauvreté. Tel, et plus parfait, était le marquis de Villemond, lorsqu’un événement très-extraordinaire décida du reste de sa vie.

Un soir qu’il avait soupe chez un de ses amis, et qu’il se retirait entre dix et onze heures, il passa par un cimetière, pour abréger son chemin. On avait enterré, il y avait quelques heures, une personne dont la fosse n’avait point été comblée, parce que le fossoyeur, pour s’épargner la peine d’en rouvrir une autre, avait décidé d’y mettre un enfant qu’on devait enterrer le lendemain, en sorte qu’il s’était contenté de jeter quelques pelées de terre sur la bière qu’il y avait des-