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serait venue vous le déclarer elle-même, si la nécessité de consoler Laure ne l’avait retenue à Paris. Vous êtes généreux ; pourriez-vous refuser d’accélérer le bonheur d’une fille qui vous doit tout, et qui mérite vos bontés. Laure sait-elle la démarche que vous faites en sa faveur, demanda Alindor, un peu ému ? En vérité, monsieur, lui dit le marquis, je ne puis vous répondre à cet égard ; je l’ai quittée dans les premiers transports de la douleur que lui causait la perte de sa bienfaitrice ; elle ne voyait rien ; elle n’entendait rien : je suis pourtant persuadé que depuis mon départ, mon épouse lui a fait part des raisons de mon voyage. Je ne sais à quel motif on doit attribuer sa fuite, de chez moi ; mais, depuis une heure, un domestique vient de m’apprendre qu’elle s’est retirée dans un couvent, quelques heures après mon départ, sans m’en dire les raisons.

Alindor rêva un moment : cette retraite fit naître quelques soupçons flatteurs dans