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bonne, lui dit cet homme ; entrez, vous dînerez avec nos gens. Je n’ai pas besoin de manger, lui dit la vieille ; mais oserais-je vous demander la cause de votre chagrin ? Une bagatelle, répondit cet homme ; et je suis honteux d’y être si sensible. Voyez-vous cet arbre, continua-t-il, en faisant remarquer qu’il y en avait un devant la porte ; je l’ai planté moi-même, étant encore enfant, et je l’ai vu croître avec un plaisir inexprimable. Il me garantissait en été des ardeurs du soleil, et produisait les meilleurs fruits du monde, des poires d’une beauté, d’une grosseur sans égale ; hélas ! mon pauvre arbre est mort ; j’eusse donné la moitié de mon bien pour le sauver ; mais il n’y a plus de remède. Cet homme, en achevant ces paroles, ne put s’empêcher de répandre quelques larmes. Consolez-vous, lui dit la fée, vous mangerez cette année de son fruit : en même tems, elle toucha l’arbre qui, dans l’instant, reprit sa première vigueur, et parut chargé de fleurs ;