Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(135)

vent plus cruelle que le mal même, il la pressa de lui découvrir ce qu’elle s’efforçait vainement de lui cacher. La marquise, qui crût ne pouvoir dissimuler plus longtems, lui remit la lettre de Laure, et lui apprit en même tems tout ce qui s’était passé dans le château d’Armire, avant le départ de cette fille pour Paris.

Les premiers mouvemens de Dorval furent ceux d’un furieux : il jura qu’il ne se dépouillerait jamais des droits qu’il avait sur Laure, la traita d’ingrate, de parjure, menaça les jours de son rival, accusa la marquise de l’avoir trahi, et s’emporta à des excès que cette dame avait prévus. Elle lui laissa évaporer tout son feu, et lui dit ensuite : de qui vous plaignez-vous, je vous prie ? d’une fille qui vous immole tout le bonheur de sa vie, quoiqu’elle soit encore maîtresse dé sa main ; qui veut vous épargner le funeste état dans lequel Armire s’est vue plongée, et que vous éprouveriez sans doute : d’un rival qui ignore ce que son