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du trouble qu’elle avait éprouvé en recevant une nouvelle si inattendue. Elle n’avait garde de soupçonner le dessein de son amie qui, se levant aussitôt que la marquise l’eût quittée, fut à une abbaye dont elle connaissait l’abbesse ; et la pria si instamment de la recevoir, que cette dame lui accorda sa demande. Elle écrivit aussitôt à la marquise pour lui apprendre le lieu où elle s’était retirée, et lui demander pardon du mystère qu’elle lui avait fait de son dessein, dans la crainte que son amitié pour elle n’y mît obstacle. Elle ajouta que, ne pouvant prendre aucune résolution qui la satisfit dans les circonstances critiques où elle se trouvait, elle était résolue de se faire religieuse, pour ne donner sujet de se plaindre d’elle, ni à Dorval, ni à Alindor. Dorval était encore avec la marquise, lorsqu’elle reçut cette lettre : il entrevoyait dans le discours de cette dame un embarras qui lui faisait soupçonner un secret fatal à son amour ; et, comme l’incertitude d’un mal est sou-