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l’apprendre de la marquise, que je charge du soin de lui annoncer mes dernières volontés. Adieu, ma chère Laure ; adieu pour jamais. Si, dans une vie plus heureuse, on est encore sensible à ce qui se passe sur la terre, j’aurai de la satisfaction de l’union de deux cœurs vertueux, que le ciel avait faits l’un pour l’autre, et qu’il n’avait séparés pour un tems, qu’afin de leur donner moyen d’exercer les plus héroïques vertus ».

Laure ne put achever cette lettre, sans jeter des cris qui attirèrent, dans sa chambre, la marquise et son époux ; ils avaient été alarmés à la vue du domestique d’Armire, et craignirent d’abord pour elle ou pour son époux. Laure, au lieu de répondre aux questions qu’ils lui firent tous deux à la fois, leur présenta la lettre qu’elle venait de recevoir. La marquise fut sensiblement touchée de la mort de son amie ; et cependant, comme on aime à se flatter, elle pensa que peut-être la maladie n’était pas sans ressource ; et