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surez être choquante ? Non, en vérité, ma bonne, répondit Laidronette ; je ne vois pas qu’on me compte pour moins qu’une autre dans la société. J’ai tâché de compenser ce qui me manque de ce côté-là, par la douceur de mes mœurs, et par l’agrément de l’esprit ; et, j’ai quelquefois la vanité de croire que j’y ai réussi : ce n’est pas que je fusse fâchée d’être belle ; mais je ne suis pas fille à me désespérer, parce que cela n’est pas. Vous n’avez plus rien à désirer de ce côté, lui dit la fée ; regardez-vous dans votre miroir. En disant ces paroles, Bienfaisante disparut, en se félicitant d’avoir rendu service à une personne qui le méritait si bien.

Elle descendit vers Paris ; c’était la ville dont elle avait demandé le nom, et s’assit vis-à-vis d’une grosse ferme. Le maître qui était debout sur la porte, les bras croisés, paraissait enseveli dans la tristesse. Bienfaisante le pria de lui faire donner un verre d’eau. Volontiers, ma