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laquelle il inspirait une tendre compassion, était à peu près dans la même situation : Alindor s’en aperçut, et, s’accusant du malheur de son épouse, il redoubla ses soins et son attention pour elle, et se rappelait, à chaque instant, et ses vertus et ses bienfaits. Il tomba dans la même erreur que Laure ; et, tout occupé de ce qu’il devait au devoir, il crut avoir étouffé son amour, et son épouse même s’en flattait quelquefois ; elle en fut bien désabusée, lorsque la marquise lui eût fait part de l’établissement qui s’offrait peur cette aimable fille, et du consentement qu’elle y donnait. Alindor, comme si ce consentement eût été sa sentence de mort, devint pâle, tremblant, et fut forcé de s’appuyer sur une table qui était proche : les violences qu’il se fit pour se surmonter, furent telles qu’il y succomba, et tomba sur le plancher sans sentiment. Son premier soin, lorsqu’il eut repris ses sens, fut de chercher un prétexte ; à l’accident qui lui était arrivé ; et, croyant en avoir