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quise n’ignorait pas. Un mouvement machinal conduisit le marquis à ses pieds, où il lui fit amende honorable de sa conduite passée, promit des merveilles pour l’avenir, et donna pour garans, de ces promesses Dorval et Laure. Après les premiers transports, la marquise se souvint qu’elle devait son bonheur à ces deux personnes, et se reprocha de n’avoir point encore satisfait à ce que la reconnaissance, et même la politesse exigeaient d’elle. On reçut les excuses qu’elle en fit d’un air à lui témoigner qu’on ne s’était point aperçu de cet oubli. Dorval fut prié de leur donner le reste du jour, et il y consentit d’autant plus volontiers, qu’il avait trouvé dans Laure tout ce qu’il fallait pour fixer son cœur. Quelqu’occupée que fût la marquise du bonheur de sa nouvelle situation, les mouvemens de Dorval ne lui échappèrent point ; elle en sentit redoubler sa joie : c’était un moyen qui s’offrait de payer à ces deux personnes les dettes que la reconnaissance venait de lui imposer. Laure