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gages, où il se livre, sans contrainte, à son penchant pour la licence. Je ne vous parlerais pas si librement de ces choses, ajouta cette femme, si le marquis ne les eût rendues publiques, et n’eût affecté de faire parade de ses déréglemens. Ah ! mon Dieu, s’écria Laure, en levant les yeux et les mains au ciel, quel monstre ! Et la marquise, sans doute, le déteste ? Hélas ! elle le devrait, répondit cette femme qui se nommait Elvire : mais, malheureusement, pour son repos, elle l’aime : sa première inconstance a failli lui coûter la vie. La religion a calmé son désespoir ; cependant il est aisé de comprendre combien il lui en coûte encore pour soutenir ce malheur, sans y succomber.

Laure ne se lassait point d’entendre parler de la vertu et des malheurs de la marquise ; et ce que lui en apprit cette femme, la toucha tellement, qu’elle eut bien de la peine à s’empêcher de se mettre à genoux devant elle, lorsquelle la revit.