Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(111)

cinq heures, qui était le tems où elle avait coutume de s’éveiller. Elle avait ouï-dire que les dames de qualité se couchent lorsque le soleil se lève : le bruit qu’elle entendit dans la maison lui fit croire que la marquise se mettait alors au lit, et elle pensait qu’elle aurait tout le tems de s’ennuyer, en attendant son réveil. Elle regretta de n’avoir point fait provision de livres : elle espéra d’en trouver dans un cabinet qui était à côté de sa chambre, et elle se leva pour y entrer. À peine eut-elle fait quelques mouvemens, qu’on frappa à la porte : un moment après, elle vit entrer la femme qui l’avait couchée la veille, et qui la félicita sur sa vigilance. Je suis indiscrète d’avoir fait du bruit, lui dit Laure ; mais, si vous voulez me procurer du travail, ou quelques livres, je me tiendrai tranquille ici jusqu’au réveil de madame. Elle est levée, dit la femme-de-chambre, et elle est prête à sortir. Laure s’était approchée de la fenêtre. Quelle fut sa surprise d’apercevoir