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reprit Laure ; vous resterez ici ; mais assurément je ne recevrai vos services ; mon état les rendrait ridicules ; et, malgré la bonté de ces dames, je n’oublierai point que la médiocrité de ma fortune ne me permet point de les accepter. On en est bien digne, dit cette femme, quand on en avoue le défaut de si bonne grâce, et vous semblez deviner que vous êtes dans une maison où l’on compté pour rien tout ce qui n’est pas la vertu. Laure, enhardie par une réponse si sensée, prit de la confiance pour celle qui la lui avait faite, et la pria de vouloir bien lui apprendre ce qu’il fallait faire pour se rendre digne des bontés de la marquise. Finir comme vous commencez, lui répondit-elle, vous montrer, telle que vous êtes, vous y gagnerez, ou je me trompe beaucoup. Laure remercia cette femme de la bonne opinion qu’elle avait d’elle ; elle eût fort souhaité continuer ses questions ; mais la fatigue du voyage lui rendait le sommeil nécessaire ; elle se coucha, et dormit tranquillement jusqu’à