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les momens les preuves de l’attachement le plus respectueux, et je me vois forcée à renoncer à ce bonheur. Hâtez-vous d’éloigner une fille criminelle, qui ne paraît à vos pieds qu’accablée de honte et de remords ; ils m’arrachent l’aveu. Je ne veux rien savoir, aimable Laure, lui dit Armire, en lui portant sur sa bouche une main que cette charmante fille baisa vingt fois. Gardez votre secret, vous n’êtes pas indigne de mon amitié, vous ne le deviendrez jamais, à moins que, suivant un désir que je désapprouve, vous ne vous engagiez dans le cloître, pour lequel vous n’avez point de vocation. Adieu, ma fille ; je ne vous reverrai point avant votre départ ; croyez que je partage la douleur que vous ressentez de notre séparation. Armire, n’avait pas cru qu’il fût convenable de laisser Laure dans le danger de lui ouvrir son ame toute entière, et, cependant elle fut charmée d’avoir eu à lui faire violence à cet égard : cet aveu, qui était venu sur