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amour, un trône n’aurait pu l’engager à se séparer d’elle : elle aurait donc voulu, dans cette occasion, anéantir son cœur, qui, rebelle à ses désirs, conservait tous ses sentimens pour l’époux et pour l’épouse. Le dépit qu’elle en sentit sécha ses larmes, et lui donna une sorte d’horreur pour elle-même ; elle se releva avec précipitation. Non, madame, dit-elle à Armire, je ne mérite pas vos bontés, j’en suis absolument indigne ; je ne puis les accepter : que si votre cœur bienfaisant ne peut consentir à m’abandonner à mon mauvais sort, obtenez de lui du moins, de mettre des bornes à ses bontés : diminuez ma confusion, je n’en conserverai, pas moins la reconnaissance la plus vive. Procurez-moi un asyle dans le cloître, le plus ignoré, c’est le seul endroit qui convienne à une infortunée, qui trouve en elle-même des obstacles invincibles au bonheur de vous consacrer ses jours. Oui, madame, je mettrais toute ma félicité à vous voir, à vous servir, à vous donner dans tous