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qu’il était plus disgracieux de décheoir que de rester dans une condition obscure. Elle n’eut pas long-tems cette crainte ; Armire lui annonça, qu’elle partirait le lendemain, et le soir même elle lui remit entre les mains un contrat de mille livres de rente qu’elle s’était réservée en se mariant. C’est tout ce dont je puis disposer, lui dit-elle ; mais je ne puis borner mes désirs à cette bagatelle. Mon époux est généreux ; je veux, et j’espère qu’il vous tiendra lieu de père ; et, dès ce moment, je vous adopte pour ma fille : j’aurai pour vous les sentimens que cette qualité exige : je me flatte que vous ne me refuserez pas ceux que vous auriez eu pour les auteurs de votre naissance. Si le ciel, en les conservant, vous eût accordé le bonheur de les connaître, vous n’auriez pas voulu disposer de vous sans l’aveu de vos parens : promettez-moi de ne prendre aucun engagement, sans m’avoir consultée. Laure s’était jetée aux pieds d’Armire. Les larmes qu’excitait sa reconnaissance, l’em-