Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(99)

exemple : vous l’aimiez avec tendresse, ne refusez pas son bonheur ; il est sûr, puisque madame veut bien la prendre sous sa protection.

À peine le nourricier fut-il parti, qu’Alindor pria son épouse de lui permettre de se rendre à l’invitation de son ami, et de ne point différer l’accomplissement de ses bons desseins par rapport à Laure. Il partit quelques momens après, et ne fut point surpris des marques d’attendrissement qu’il vit en son épouse. Elle l’aimait avec tant de tendresse qu’elle ne pouvait le perdre sans douleur dans les plus courtes absences ; mais cette fois il se méprit sur la cause de ses larmes. Ce n’était point l’amour qui les faisait couler ; elles avaient leur source dans le respect et l’amour qu’excitait une vertu si héroïque.

Alindor étant monté à cheval, Armire se transporta chez le nourricier de Laure, pour confirmer à cette belle fille les promesses que cet homme lui avait faites de sa part. Laure parut soulagée, lorsqu’elle