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je veux en faire un présent à la marquise de Bellefond. C’est une amie dont je respecte les vertus : du caractère dont elle est, elle chérira Laure comme sa fille. Cette enfant a de la naissance ; j’ai toujours eu intention de la remettre dans son état naturel. Abandonnez-la moi, mon bon homme, dit-elle au nourricier ; vous n’aurez pas sujet de vous en repentir non plus qu’elle. N’approuvez-vous pas mon dessein, mon cher, dit-elle en se retournant vers Alindor ?

Il est digne de vous, répondit Alindor. Laure mérite vos bontés : une seule chose m’afflige ; c’est de ne pouvoir être témoin de la reconnaissance de cette belle fille. Je viens de recevoir une lettre de Villefroid : c’est un ami de la jeunesse : il m’invite à venir passer chez lui quelques jours pour des affaires importantes, et qui demandent célérité : ainsi, madame, je suis obligé de partir sur-le-champ, et d’abandonner Laure à vos soins. Croyez-moi, mon bon homme, imitez mon