Page:Beaumont - Contes moraux, tome 3, Barba, 1806.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(97)

vérité une satisfaction indicible ; cependant quelques nuages s’élevaient de tems en tems dans son ame, et troublaient la paix qui suit toujours une action vertueuse. Il soupirait malgré lui, et sentait en certains momens des retours vers Laure, qui le forçaient à déchirer son ame. Cent fois il s’en rendit maître, et cent fois la passion essaya de le surmonter. Il triompha enfin, et revenait au château, lorsqu’il rencontra son épouse qui parlait au nourricier de Laure. Venez, dit-elle à Alindor, rassurer ce bon homme. Il dit que sa pupille est rentrée chez lui, si changée qu’il en a été effrayé : elle s’est mise au lit en assurant qu’elle n’avait qu’une légère incommodité : cependant il veut absolument croire qu’elle est bien malade. Pour moi, dit, Armire, je suppose qu’elle n’a besoin que de changer d’air, sans cela, je la prendrais chez moi ; et, lorsqu’elle sera rétablie, nous verrons ensemble ce qui lui conviendra le mieux. En attendant,