Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(95)

point de fortune ; mais, malgré cela, je ne vous épouserai jamais. Est-ce que je vous déplais ? lui demanda Chéri, un peu ému. Non, mon prince, lui répondit Zélie. Je vous trouve tel que vous êtes, c’est-à-dire, fort beau, mais que me serviraient votre beauté, vos richesses, les beaux habits, les carrosses magnifiques que vous me donneriez, si les mauvaises actions, que je vous verrais chaque jour, me forçaient à vous mépriser et à vous haïr. Chéri se mit fort en colère contre Zélie, et commanda à ses officiers de la conduire de force dans son palais. Il fut occupé toute la journée du mépris que cette fille lui avait montré ; mais comme il l’aimait, il ne pouvait se résoudre à la maltraiter. Parmi les favoris de Chéri, il y avait son frère de lait, auquel il avait donné toute sa confiance. Cet homme, qui avait les inclinations aussi basses que sa naissance, flattait les passions de son maître, et lui donnait de fort mauvais conseils. Comme il vit Chéri fort triste,