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quand il était petit. S’il voulait avoir une chose, il n’avait qu’à pleurer, se dépiter, frapper du pied ; cette femme lui donnait tout ce qu’il demandait, et cela l’avait rendu opiniâtre. Elle lui disait aussi, depuis le matin jusqu’au soir, qu’il serait roi un jour, et que les rois étaient fort heureux, parce que tous les hommes devaient leur obéir, les respecter, et qu’on ne pouvait pas les empêcher de faire ce qu’ils voulaient. Quand Chéri avait été grand garçon, et raisonnable, il avait bien connu, qu’il n’y avait rien de si vilain que d’être fier, orgueilleux, opiniâtre. Il avait fait quelques efforts pour se corriger ; mais il avait pris la mauvaise habitude de tous ces défauts ; et une mauvaise habitude est bien difficile à détruire. Ce n’est pas qu’il eût naturellement le cœur méchant. Il pleurait de dépit quand il avait fait une faute, et il disait : je suis bien malheureux d’avoir à combattre tous les jours contre ma colère et mon orgueil : si on m’avait corrigé quand j’étais