Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(89)

quelque bonté pour moi, devenez la bonne amie de mon fils. De bon cœur, lui dit la fée ; je puis rendre votre fils le plus beau prince du monde, ou le plus riche, ou le plus puissant ; choisissez ce que vous voudrez pour lui. Je ne désire rien de tout cela pour mon fils, répondit le bon roi ; mais je vous serai bien obligé, si vous voulez le rendre le meilleur de tous les princes. Que lui servirait-il d’être beau, riche, d’avoir tous les royaumes du monde, s’il était méchant ? Vous savez bien qu’il serait malheureux, et qu’il n’y a que la vertu qui puisse le rendre content. Vous avez raison, lui dit Candide ; mais il n’est pas en mon pouvoir de rendre le prince Chéri honnête homme malgré lui : il faut qu’il travaille lui-même à devenir vertueux. Tout ce que je puis vous promettre, c’est de lui donner de bons conseils, de le reprendre de ses fautes, et de le punir, s’il ne veut pas se corriger et se punir lui-même.

Le bon roi fut fort content de cette pro-