s’étant démasquée, leur fit voir la plus belle personne qu’on pût imaginer ? Ce qu’il y eut de plus singulier, c’est que le prince, ni les autres, ne la reconnurent pas d’abord, tant le repos et la solitude l’avaient embellie ; on se disait seulement tout bas, que l’autre princesse lui ressemblait en laid. Le prince extasié, d’être trompé si agréablement, ne pouvait parler ; mais Laidronette rompit le silence, pour féliciter sa sœur du retour de la tendresse de son époux. Quoi ! s’écria le roi, cette charmante et spirituelle personne est Belote ? Par quel enchantement a-t-elle joint aux charmes de la figure, ceux de l’esprit et du caractère qui lui manquaient absolument ? Quelque fée favorable a-t-elle fait ce miracle en sa faveur ? Il n’y a point de miracle, reprit Belote, j’avais négligé de cultiver les dons de la nature ; mes malheurs, la solitude et les conseils de ma sœur, m’ont ouvert les yeux, et m’ont engagée à acquérir des grâces à l’épreuve du tems et des maladies. Et ces
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