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jours à côté des personnes en qui elle remarquait de l’esprit et de la raison ; elle leur faisait des questions, et retenait toutes les bonnes choses qu’elle leur entendait dire ; elle prit même l’habitude de les écrire, pour mieux s’en souvenir, et, à dix-sept ans, elle parlait et écrivait si bien, que toutes les personnes de mérite se faisaient un plaisir de la connaître, et d’entretenir un commerce de lettres avec elle. Les deux sœurs se marièrent le même jour : Belote épousa un jeune prince qui était charmant, et qui n’avait que vingt-deux ans. Laidronette épousa le ministre de ce prince : c’était un homme de quarante-cinq ans. Il avait reconnu l’esprit de cette fille, et il l’estimait beaucoup ; car le visage de celle qu’il prenait pour sa femme, n’était pas propre à lui inspirer de l’amour ; et il avoua à Laidronette qu’il n’avait que de l’amitié pour elle : c’était justement ce qu’elle demandait, et elle n’était point jalouse de sa sœur qui épousait un prince, qui était si fort amoureux