Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(61)

enfans déshérités par leurs pères ; et tout cela, à cause de ces rapports. Joliette était inconsolable, et promit de se corriger. Vous êtes trop vieille pour vous corriger, lui dit la fée ; des défauts qu’on a nourris jusqu’à vingt ans, ne se corrigent pas après cela, quand on le veut ; je ne sais qu’un remède à ce mal ; c’est d’être aveugle, sourde et muette, pendant dix ans, et de passer tout ce temps à réfléchir sur les malheurs que vous avez causés. Joliette n’eut pas le courage de consentir à un remède qui lui paraissait si terrible ; elle promit pourtant de ne rien épargner pour devenir silencieuse ; mais la fée lui tourna le dos sans vouloir l’écouter ; car elle savait bien que, si elle avait eu une vraie envie de se corriger, elle en aurait pris les moyens. Le monde est plein de ces sortes de gens qui disent : Je suis bien fâchée d’être gourmand, colère, menteur ; je souhaiterais de tout mon cœur de me corriger. Ils mentent assurément, car si on leur dit ; pour corriger