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heurs. Ah ! s’écria Joliette, je suis une malheureuse, je ne mérite pas de voir le jour. Attendez, avant de vous condamner, que vous ayez connu tous vos crimes, lui dit la fée. Regardez cet homme couché dans ce cachot, couvert de chaînes ; vous avez découvert une conversation fort innocente que tenait cet homme, et, comme vous ne l’aviez écoutée qu’à moitié, vous avez cru entendre qu’il était d’intelligence avec les ennemis du roi. Un jeune étourdi, fort méchant homme, une femme aussi babillarde que vous, qui n’aimait pas ce pauvre homme qui est prisonnier, ont répété et augmenté ce que vous leur aviez fait entendre de cet homme ; ils l’on fait mettre dans ce cachot, d’où il ne sortira que pour assommer le rapporteur à coups de bâton, et vous traiter comme la dernière des femmes, si jamais il vous rencontre. Après cela, la fée montra à Joliette quantité de domestiques sur le pavé, et manquant de pain ; des maris séparés de leurs femmes ; des