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jeune : le tems du bal et de la comédie passe ; quand on devient vieille, et qu’on veut toujours être dans les assemblées, les jeunes gens se moquent ; d’ailleurs, on ne peut plus danser, on n’oserait plus se coiffer ; il faut donc s’ennuyer à mourir, et être fort malheureuse.

— Mais, ma bonne mère, dit Aurore, on ne peut pourtant pas rester seule, la journée paraît longue comme un an, quand on n’a pas compagnie.

— Je vous demande pardon, ma chère, répondit la bergère : je suis seule ici, et les années me paraissent courtes comme les jours ; si vous voulez, je vous apprendrai le secret de ne vous ennuyer jamais.

— Je le veux bien, dit Aurore ; vous pouvez me gouverner comme vous le jugerez à propos, je veux vous obéir. »

La bergère, profitant de la bonne volonté d’Aurore, lui écrivit sur un papier tout ce qu’elle devait faire. Toute la journée était partagée entre la prière, la lecture, le travail et la promenade. Il n’y avait pas d’horloge dans ce bois, et Aurore ne savait pas