Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fille si âgée. Elle garda la plus jeune auprès d’elle, et fut dans une autre ville, et elle disait à tout le monde qu’Aimée n’avait que dix ans, et qu’elle l’avait eue avant quinze ans. Cependant, comme elle craignait qu’on ne découvrît sa tromperie, elle envoya Aurore dans un pays bien loin, et celui qui la conduisait la laissa dans un grand bois, où elle s’était endormie en se reposant. Quand Aurore se réveilla, et qu’elle se vit toute seule dans ce bois, elle se mit à pleurer. Il était presque nuit ; et, s’étant levée, elle chercha à sortir de cette forêt ; mais, au lieu de trouver son chemin, elle s’égara encore davantage. Enfin, elle vit bien loin une lumière ; et, étant allée de ce côté-là, elle trouva une petite maison. Aurore frappa à la porte, et une bergère vint lui ouvrir, et lui demanda ce qu’elle voulait. « Ma bonne mère, lui dit Aurore, je vous prie par charité, de me donner la permission de coucher dans votre maison ; car, si je reste dans le bois, je serais mangée des