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m’avez donné le soin, est mon père, et celui de Jean ; vous avez résolu de le manger, et je viens vous représenter qu’il est vieux et maigre, et qu’ainsi il ne sera pas fort bon ; au lieu que je suis jeune et grasse. Ainsi, j’espère que vous voudrez bien me manger à sa place, je ne vous demande que huit jours pour avoir le plaisir de le voir avant de mourir. En vérité, lui dit le roi, vous êtes une si bonne fille, que je ne voudrais pas pour toute chose vous faire mourir ; vous vivrez, et votre père aussi. Je vous avertis même qu’il vient tous les ans ici un vaisseau plein d’hommes blancs, auxquels nous vendons nos prisonniers : il arrivera bientôt, et je vous donnerai la permission de vous en aller.

Marie remercia beaucoup le roi, et remerciait le bon Dieu qui lui avait inspiré d’avoir compassion d’elle. Elle courut porter ces bonnes nouvelles à son père ; et quelques jours après, le vaisseau, dont le roi lui avait parlé, étant arrivé, elle