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deux blancs auraient adoré leur dieu. Aussitôt on décida qu’on ferait un sacrifice au nouveau singe qu’on venait de choisir ; que les deux blancs y assisteraient, et, qu’après cela, Marie épouserait leur roi ; que, s’ils refusaient de le faire, on les brûlerait tout vifs avec leurs livres, dont ils se servaient pour faire des enchantemens. Marie apprit celle résolution, et, comme les prêtres lui disaient que c’était elle qui avait fait mourir leur singe, elle leur répondit : si j’avais fait mourir votre singe, n’est-il pas vrai que je serais plus puissante que lui ; je serais donc bien stupide d’adorer quelqu’un qui ne serait pas au-dessus de moi. Le plus faible doit se soumettre au plus puissant, et par conséquent, je mériterais plutôt les adorations du singe, que lui les miennes. Cependant, je ne veux pas vous tromper, ce n’est pas moi qui lui ai ôté la vie ; mais notre Dieu qui est le maître de toutes les créatures, et sans la permission duquel, vous ne sauriez ôter un seul cheveu de ma