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lui demande de bon cœur ; mettons-nous à genoux, et prions Dieu de tuer lui-même le singe, alors on ne s’en prendra pas à nous, et on ne nous fera point mourir.

Jean trouva ce que sa sœur lui disait fort raisonnable. Ils se mirent donc tous deux à genoux, et dirent tout haut : seigneur, qui pouvez tout ce que vous voulez, ayez, s’il vous plaît, la bonté de tuer ce singe, afin que ces pauvres gens connaissent que c’est vous qu’il faut adorer, et non pas lui. Ils étaient encore à genoux, lorsqu’ils entendirent jeter de grands cris ; et, s’étant informés de ce qui y donnait lieu, on leur apprit que le grand singe, en sautant de dessus un arbre, s’était cassé la jambe, et qu’on croyait qu’il en mourrait. Les sauvages qui avaient soin du grand singe qui était mort, et qui étaient comme ses prêtres, dirent au roi que Marie et son frère étaient cause du malheur qui était arrivé, et qu’ils ne pourraient être heureux qu’après que ces