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ils eurent beau faire ; vous pensez bien que la pauvre femme ne pouvait leur répondre, puisqu’elle était morte. Ils restèrent là pendant plusieurs jours, jusqu’à ce que le corps commençât à se corrompre. Un matin, Marie, jetant de grands cris, dit à Jean : Ah ! mon frère, voilà des vers qui mangent notre pauvre maman ; il faut les arracher : venez m’aider. Jean s’approcha ; mais ce corps sentait si mauvais, qu’ils ne purent rester là, et furent contraints d’aller chercher un autre arbre pour y coucher.

Ces deux enfans obéirent exactement à leur mère, et jamais ils ne manquèrent à prier Dieu : ils lisaient si souvent leurs livres, qu’ils les savaient par cœur. Quand ils avaient bien lu, ils se promenaient, ou bien ils s’asseyaient sur l’herbe, et Jean disait à sa sœur : Je me souviens, quand j’étais bien petit, d’avoir été dans un lieu où il y avait de grandes maisons, et beaucoup d’hommes ; j’avais une nourrice, et vous aussi, et mon père avait beaucoup