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sa femme et ses deux enfans ; il voulait s’y attacher aussi, mais il n’en eut pas le tems ; car le vaisseau, ayant touché contre un rocher, s’ouvrit en deux, et tous ceux qui étaient dedans tombèrent dans la mer. La planche sur laquelle étaient la femme et les deux enfans, se soutint sur la mer comme un petit bateau, et le vent la poussa vers une île. Alors la femme détacha les cordes, et avança dans cette île avec les deux enfans.

La première chose qu’elle fit quand elle fut en lieu de sûreté, fut de se mettre à genoux pour remercier Dieu de l’avoir sauvée ; elle était pourtant bien affligée d’avoir perdu son mari : elle pensait aussi qu’elle et ses enfans mourraient de faim dans cette île, ou qu’ils seraient mangés par les bêtes sauvages. Elle marcha quelque tems dans ces tristes pensées, et elle aperçut plusieurs arbres chargés de fruits ; elle prit un bâton et en fit tomber, qu’elle donna à ses petits enfans, et en mangea elle-même : elle avança ensuite plus loin,