Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/215

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(211)

perbe, chargé d’or et de diamans : aussitôt qu’il vit le vaisseau, il y courut pour admirer les richesses dont il était devenu le maître ; mais à peine y fut-il entré, qu’il s’éleva un grand orage. Le pêcheur voulut revenir au rivage et descendre à terre, mais il n’y avait pas moyen. Ce fut alors qu’il maudit son ambition : regrets inutiles, la mer l’engloutit avec toutes ses richesses, et l’ange dit à Azaël : que cet exemple te rende sage. La fin de cet homme est presque toujours celle de l’ambitieux. La cour où tu vis présentement, est une mer fameuse par les naufrages et les tempêtes : pendant que tu le peux encore, gagne le rivage ; tu le souhaiteras un jour sans pouvoir y parvenir. Azaël effrayé promit d’obéir à l’ange, et lui tint parole. Il quitta la cour, et vint demeurer à la campagne, où il se maria avec une fille qui avait plus de vertu que de beauté et de fortune. Au lieu de chercher à augmenter ses grandes richesses, il ne s’appliqua plus qu’à en jouir avec