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me divertirai beaucoup de tout le tracas qu’il doit y avoir. Vous avez là une mauvaise pensée, dit le voyageur : puisque vous êtes heureux à présent, pourquoi cherchez-vous à vous rendre misérable ? Votre cabane vous paraît suffisante aujourd’hui mais quand vous aurez vu les palais des grands, elle vous paraîtra bien petite et bien chétive. Vous êtes content de votre habit, parce qu’il vous couvre ; mais il vous fera mal au cœur, quand vous aurez examiné les superbes vêtements des riches. Monsieur, dit le pêcheur à son hôte, vous parlez comme un livre, servez-vous de ces belles raisons pour apprendre à ne vous pas fâcher quand on regarde les autres, ou qu’on leur parle. Le monde est plein de ces gens qui conseillent les autres, pendant qu’ils ne peuvent se gouverner eux-mêmes. Le voyageur ne répliqua rien, parce qu’il n’est pas honnête de contredire les gens dans leur maison, et le lendemain il continua son voyage, pendant que le pêcheur commençait le