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jours aussi simplement vêtue que la première fois qu’il l’avait vue, vint au-devant de lui. Venez, mon prince, lui dit-elle, vous êtes digne d’être mon époux ; mais vous n’auriez jamais eu ce bonheur, sans votre ami Sincère, qui vous a appris à me distinguer de ma sœur. Dans le même tems, Vraie Gloire commanda aux vertus, qui sont ses sujettes, de faire une fête pour célébrer son mariage avec Charmant ; et pendant qu’il s’occupait du bonheur qu’il allait avoir, d’être l’époux de cette princesse, Absolu arriva chez Fausse Gloire, qui le reçut parfaitement bien, et lui offrit de l’épouser sur-le-champ. Il y consentit ; mais à peine fut-elle sa femme, qu’il s’aperçut, en la regardant de près, qu’elle était vieille et ridée, quoiqu’elle n’eût pas oublié de mettre beaucoup de blanc et de rouge, pour cacher ses rides. Pendant qu’elle lui parlait, un fil d’or, qui attachait ses fausses dents, se rompit, et ses dents tombèrent à terre. Le prince Absolu était