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m’ont abandonnée pour la plus cruelle de mes ennemies. Ah ! belle princesse, dit Charmant, peut-on vous oublier, quand on vous a vue une fois ? Je jure de n’aimer que vous ; et, dès ce moment, je vous choisis pour ma reine : et moi, je vous accepte pour mon roi, lui dit Vraie Gloire ; mais il ne m’est pas permis de vous épouser encore. Je vais vous faire voir un autre prince, qui est dans mon palais, et qui prétend aussi m’épouser : si j’étais la maîtresse, je vous donnerais la préférence ; mais cela ne dépend pas de moi. Il faut que vous me quittiez pendant trois ans, et celui des deux qui me sera le plus fidèle pendant ce temps, aura la préférence.

Charmant fut fort affligé de ces paroles ; mais il le fut bien davantage, quand il vit le prince dont Vraie Gloire lui avait parlé. Il était si beau, il avait tant d’esprit, qu’il craignit que Vraie Gloire ne l’aimât plus que lui. Il se nommait Absolu, et il possédait un grand royaume.