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heureux. Le juge alors, s’adressant à toute l’assemblée, prononça cet arrêt : « L’esclave qui n’a point eu pitié de la situation de sa vieille maîtresse, a les sentimens d’une esclave ; ainsi, nous la condamnons, à rester dans l’esclavage le reste de ses jours ; c’est la condition qui convient à la bassesse de son cœur ; mais nous exhortons sa maîtresse à ne point abuser de l’autorité que nous lui rendons sur elle ; car, sans cela, elle deviendrait aussi méprisable que cette créature. Ceux qui ont choisi de renvoyer leurs maîtres à Athènes, et de demeurer dans notre île, y demeureront, mais sous des qualités différentes. Parmi ceux-là, il y en a deux qui ont maltraité leurs maîtres, après que les huit jours de l’épreuve ont été passés ; ces deux demeureront esclaves ici ; car, toute personne qui manque d’humanité et de douceur, est née sans sentimens, et doit, avec justice, demeurer dans la dernière des conditions ; elle est faite pour cela, elle ne mérite, que cela. Les autres, qui