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du spectacle à deux heures de nuit, parce qu’elle avait soupé en ville, et elle revint de fort mauvaise humeur, à cause qu’elle avait perdu son argent au jeu ; elle s’en vengea, en cherchant querelle à sa femme-de-chambre ; et comme celle-ci, en la décoiffant, lui tira les cheveux par accident, elle lui donna un soufflet. La patience manqua échapper à Élise ; mais elle se souvint qu’elle en avait donné plus de dix à Mira, et ce souvenir l’engagea à se taire. Je veux sortir demain à dix heures, et mettre ma coiffure de dentelle, dit Mira à Élise. Elle n’est pas blanche, dit la femme-de-chambre ; et vous savez qu’il me faut cinq heures pour la blanchir. Madame, dirent les deux femmes de l’île à Mira, pensez donc que cette pauvre fille a besoin de dormir. Elle sera bien malade quand elle passera une nuit, répondit Mira ; elle est faite pour cela. Hélas ! dit Élise en elle-même, je lui ai fait passer la nuit pour mes fantaisies, plus de vingt fois. Mira, pendant les quatre jours, ré-