Page:Beaumont - Contes moraux, tome 1, Barba, 1806.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(163)

qu’on répondit à l’ambassadeur, que la princesse ne voulait point encore se marier.

Fortuné qui n’avait jamais été contredit, entra en fureur, quand on lui eût rapporté la réponse de la princesse ; et son père qui ne pouvait lui rien refuser, déclara la guerre au père de Gracieuse qui ne s’en embarrassa pas beaucoup, car il disait : tant que j’aurai Fatal à la tête de mon armée, je ne crains pas d’être battu. Il envoya donc chercher son général, et lui dit de se préparer à faire la guerre ; mais Fatal, se jetant à ses pieds, lui dit qu’il était né dans le royaume du père de Fortuné, et qu’il ne pouvait pas combattre contre son roi. Le père de Gracieuse se mit fort en colère, et dit à Fatal qu’il le ferait mourir, s’il refusait de lui obéir ; et qu’au contraire, il lui donnerait sa fille en mariage, s’il remportait la victoire sur Fortuné. Le pauvre Fatal qui aimait Gracieuse à la folie, fut bien tenté ; mais, à la fin, il se résolut à faire son